note
| - Que ce soit dans ses ouvrages fictifs, critiques ou biographiques, C.F. Ramuz témoigne d’un incessant besoin de réécrire ses œuvres, de les refaire. Qui plus est, le sème du refaire est très présent, voire obsédant, et notre sujet se propose donc d’en explorer les diverses acceptions pour montrer comment la refabrication à l’œuvre dans la création ramuzienne vise à retrouver un cosmos édénique et pérenne, où homme et nature seraient en harmonie, démarche transfiguratrice autant pour l’œuvre que pour l’auteur. Tout d’abord, le paradoxe d’une écriture et d’un écrivain cherchant à atteindre l’élévation par l’humilité, qui prétendent se faire en se défaisant, régresser pour progresser, témoigne du lien intime entre l’éthique et l’esthétique. Ensuite, le sème plastique du refaire et les résonances picturales de l’œuvre sont à lire comme autant de manifestations de la volonté solidificatrice de l’auteur, voire comme un remède à la fugitivité de l’écriture. Puis, l’humanisation de la nature permet à l’auteur de revaloriser la « taille de l’homme » et d’accéder à la grandeur cosmique, dans une relation d’émulation. Enfin, le souffle mythique du cosmos montagnard et la dimension mystique qu’acquiert ainsi l’auteur ont révélé la proximité de la genèse chrétienne et de la génétique ramuzienne. C.F. Ramuz ambitionne donc, à travers le chant de son Rhône , retrouver la « raison d’être » d’ « un pays et d’un homme intimement mêlés ».
|