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| - Ce travail a pour but d'analyser les effets de la tarification sur l'évolution des demandes résidentielles en eau fournie par les réseaux publics de distribution et d'assainissement, le cadre d'étude pratique concernant une économie en transition, la République Slovaque. Les autorités slovaques ont choisi de remettre en cause le mode de gestion des réseaux, jusque là caractérisé par une politique de gestion d'un monopole naturel au coût marginal, entraînant des déficits, et dont la tarification, via l'existence de subventions croisées entre groupes d'usagers, cherchait jusque là justement à protéger les consommateurs résidentiels des effets de la transition. L'analyse économétrique de la demande résidentielle slovaque, menée sur deux échantillons différents (1994-1998 et 1999-2001), et utilisant des méthodes spécifiques de traitement des données de panel, fait apparaître un coefficient d'élasticité-prix faible pour chacun d'eux (respectivement -0,21 et -0,41), toutefois en hausse dans le temps. Le premier échantillon fait néanmoins apparaître un surprenant coefficient d'élasticité-revenu, également négatif, et beaucoup plus important (-0,53), dont l'origine pourrait résider dans le fait que l'élévation rapide du niveau de vie général aurait permis aux ménages de renouveler un stock d'appareils utilisateurs d'eau beaucoup plus économes. L'analyse, également menée en termes de classe de revenu, fait apparaître, sur les deux échantillons, que l'élasticité-prix de la demande aurait tendance à diminuer avec le niveau de revenu, indiquant ainsi que ce sont les consommateurs les plus modestes qui seraient les plus réceptifs aux fortes variations de tarifs visant à équilibrer les comptes déficitaires de la compagnie nationale de gestion des réseaux publics. Ces résultats infirment ainsi ceux tirés de l'analyse théorique des réactions de la demande des biens multifonctions, mais qui s'inspiraient des comportements des individus au sein d'une économie traditionnelle de marché. Les changements dans la tarification sont alors susceptibles de renforcer les inégalités sociales, sans pour autant permettre de gérer plus durablement la ressource et de développer les infrastructures dans les zones les plus délaissées.
- This study analyzes the effects of pricing upon the evolution of residential demand of water provided by public networks. The applied part of this study deals with the Slovak Republic, an economy in transition. The Slovak authorities recently decided to change the way of managing the public networks of water, symbolised until now by marginal cost pricing of this firm in a natural monopoly position generating losses, although this former pricing policy (thanks to the implementation of a cross-subsidies policy between groups of users) was meant to protect the residential consumers from the effects of transition. The econometrical analysis of Slovak residential water demand, carried out on two different samples (1994-1998 and 1999-2001), and using specific methods with panel data, reveals a low coefficient of price elasticity for each of them (respectively -0.21 and -0.41) in spite of a consistent rise. The first sample nevertheless reveals also a negative but surprisingly more important coefficient of income elasticity (-0.53), whose origin could lie in the fact that the fast growth in the general standard of living would permit the households to renew a stock of electric household appliances which use less water. The analysis, also carried out in terms of income class reveals through both samples that the price elasticity of demand seems to decrease in direct relation to the level of income, thus meaning that the most modest consumers are the most sensitive to strong variations of prices, which originally aimed to balance the losses faced by the national public network company. These results are in contradiction with those drawn from the theoretical analysis upon the reactions of multifunction goods' demand, but which has been inspired by the observations based on the individual behaviours within a traditional market economy. Changes in water pricing policy is then potentially likely to worsen the social inequalities, without managing the resource in a more sustainable way and without developing the infrastructures in the most neglected rural areas.
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