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| - L'écriture de l'amour, révélant à la fois l'usure du lieu commun et son efficacité mythique, oscille toujours entre les deux pôles du lyrisme et de la dérision : de Crébillon fils ou Laclos à Proust et Cohen, l'auteur de Belle du seigneur, en passant par Balzac, Stendhal et l'auteur de madame Bovary, c'est cette tension qui fonde la poétique des plus grandes œuvres. Les cliches du discours amoureux sont les lieux privilégiés d'une écriture polyphonique dont on peut définir les diverses modalités. En effet, dans l'énoncé ironique s'inscrit toujours la possibilité d'une énonciation sérieuse. Loin de s'opposer sous la seule forme d'une contradiction, lyrisme et dérision peuvent coexister sur le mode du paradoxe. Stratégie indirecte, la dérision du lyrisme amoureux n'est que l'envers du sérieux, voire son outil essentiel. Dynamique d'inversion dans la structure romanesque, coexistence ou fusion des contraires, dans la parodie par exemple, le paradoxe, brouillant les catégories logiques, poétiques et rhétoriques, rejoint les principes d'une ontologie où se fondent sacralisation et profanation, ridicule et sublime.
- Writings on love, revealing both the inadequacy of the common place and its mythical power, constantly interplay between the two extremes of lyricism and derision. From Crebillon fils or Laclos to Proust and Cohen, the writer of belle du seigneur, through Balzac, Stendhal and the author of madame Bovary, the poetry of the greatest works is founded on this tension. The stereotypes of the discourse of love are an appropriate place for a polyphonic style which can be defined in several ways. Indeed, within any ironical statement the chance of a serious enunciation can always be found. Far from existing solely as a contradiction, lyricism and derision can coexist as a paradox. The derision of love lyricism is simply the obverse of its serious expression and indirectly may be essential to its reinforcement. Its dynamic to invest in the novel structure, the assembling or merging of opposites as in parody, the paradox confuses the categories of logic, poetry and rhetoric resulting in an ontology which merges the sacred and profane, the sublime and ridiculous.
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