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| - In Rome, where theatre is a theatre of pure play, ghosts appearing in Seneque’s tragedies are no anthropological ghosts but pure images with a theatrical operator purpose : within a prologue they have a performing function lying in starting the show, and within the narration they release the characters from the “dolor” so that the show can be genuinely started. In Greece, ghosts appearing in Eschyle’s and Euripide’s plays have a mixed function : informative, for the stories originate in mythology but get modified by dramatists, and performing for they act on the course of the show. In contemporary theatre (Pasolini, Gabily, Bond, Koltès, Müller) which, unlike the other two, is not a ritual and codified theatre but a theatre of representation, phantoms are built after signifying images. However, dramatists systematically release themselves from these original images in order to set up specifically theatrical space and time, proper to ghosts, especially by using different forms of meta-theatre. Meetings with the living do not ever reproduce extra-theatrical patterns but occur, within each play, as unprecedented meetings taking place concurrently to the theatrical narrative. They are used for defining the theatrical space as a space of play where, thanks to the ghosts, a specific relations created between the stage and the audience, based on recognition and taking the place of the classical relation of identification. Ghosts are pointers of playfulness and allow the director to consider playful stagings, sequences in which they intervene, establishing an ephemeral but real sociability between the actors and the audience.
- À Rome, où le théâtre est un théâtre du jeu, les fantômes de théâtre intervenant dans les tragédies de Sénèque ne sont pas des fantômes anthropologiques, ils sont des images pures qui ont un rôle d’opérateur théâtral : en prologue, ils ont une fonction performative consistant à faire démarrer le spectacle et, en récit, ils débloquent les personnages figés dans le dolor afin que le spectacle commence véritablement. En Grèce, les fantômes présents dans les pièces d’Eschyle et d’Euripide ont une fonction mixte : informative car les histoires sont issues de la mythologie mais sont modifiées par les dramaturges et performative car ils agissent sur le spectacle. Dans le théâtre contemporain (Pasolini, Gabily, Bond, Koltès, Müller) qui, au contraire des deux premiers, n’est pas un théâtre rituel et codifié mais un théâtre de la représentation, les fantômes sont construits à partir d’images signifiantes. Cependant, les dramaturges débrayent systématiquement de ces images premières afin d’installer des espaces-temps spécifiquement théâtraux, propres aux fantômes, notamment par l’usage de différentes formes de métathéâtralité. Les rencontres avec les vivants ne reproduisent en rien des modèles extra-théâtraux mais se présentent, pour chaque pièce, comme des rencontres inédites se déroulant parallèlement au récit scénique. Elles servent à définir l’espace scénique comme un espace de jeu où s’établit, grâce aux fantômes, un rapport spécifique entre la scène et la salle fondé sur la reconnaissance, se substituant au rapport classique d’identification. Les fantômes sont des indicateurs de ludisme et permettent au metteur en scène d’envisager des mises en scène ludiques des séquences dans lesquelles ils interviennent, établissant une sociabilité éphémère, mais bien réelle, entre acteurs et spectateurs.
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