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| - Dans un contexte de contrainte économique, et devant le fréquent désir des patients de rester le plus longtemps possible dans un environnement familier, l’hospitalisation à domicile représente une alternative à l’hospitalisation traditionnelle. Dans cet esprit, le nombre de places en HAD augmente continuellement depuis plusieurs années. Mais l’organisation relativement ancienne de ces structures n’est pas toujours adaptée à une telle demande, notamment en ce qui concerne l’approvisionnement en médicaments. Actuellement, la gestion des médicaments du service d’HAD de Grenoble repose sur une répartition entre un approvisionnement en ville et un approvisionnement hospitalier, qui pose un certain nombre de problèmes. En particulier, les équipes soignantes du service ont de plus en plus de mal à gérer les ordonnances au domicile des patients ; les préparateurs de la pharmacie de l’hôpital sont de plus en plus sollicités pour des ordonnances urgentes ou non valides. Ainsi, il apparaît nécessaire de faire évoluer ce fonctionnement. Pour cela, nous avons envisagé deux hypothèses : soit une délivrance essentiellement hospitalière, soit une délivrance essentiellement officinale. L’objectif de notre travail était d’étudier les trois aspects de la délivrance dans ces différentes situations : la sécurité du patient, l’aspect économique, et les conditions de travail du personnel impliqué. En terme de méthodologie, nous avons rassemblé pendant une période de neuf semaines toutes les délivrances concernant les patients du service. D’après ces données, témoins du volume de médicaments consommés, nous avons estimé le budget mensuel de l’HAD pour son approvisionnement pharmaceutique. Nous avons relevé les erreurs de délivrance, certaines pouvant remettre en cause la sécurité du patient. Enfin, nous avons interrogé le personnel concerné par ce fonctionnement, c'est-à-dire les soignants et les préparateurs, afin de recueillir leurs points de vue. Les résultats principaux sont les suivants. La majorité des médicaments étant disponible à l’hôpital comme à l’officine (92%), les deux hypothèses sont envisageables. Nous avons relevé 33 erreurs de délivrance pendant cette période de neuf semaines; une seule a eu une conséquence notable chez un patient car elle concernait le dosage d'un médicament à marge thérapeutique étroite. Sur le plan économique, un passage à une délivrance essentiellement officinale augmenterait le coût mensuel pour la collectivité de près de 6 700 euros (52%) par rapport à la situation actuelle. En revanche, une délivrance essentiellement hospitalière permettrait d’économiser un peu plus de 400 euros par mois (soit 3,3%). Enfin, les conditions de travail dans le système actuel ne satisfont ni les préparateurs, ni les soignants. La nomination d’un préparateur référent pour l’HAD semble être une solution appropriée pour améliorer cette organisation. Cette étude montre que finalement l’hypothèse qui respecte le mieux la sécurité du patient, le souci financier, et les conditions de travail du personnel concerné, semble être celle d’une délivrance essentiellement hospitalière. Il s’agirait donc de créer un poste de préparateur au sein même du service d’HAD. Sa connaissance du dossier patient et des traitements habituels sécuriserait la délivrance. Grâce au contact quotidien avec les soignants, il serait informé de l’évolution des patients. Cette proximité permettrait alors une délivrance de qualité, au plus près des besoins. C’est donc cette solution qui nous semble la plus adaptée pour faire face à l’augmentation prévue du nombre de places en HAD.
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