note
| - This thesis aims at exploring the relations between reading practices, gender and class: we appropriate Bourdieu's theory by elaborating, through the linking of theory and fieldwork, the concepts of gender habitus and gender trajectories. By focusing on readers who deployed a reader habitus, and who take part in reader clubs, we emphasize the reading's effects as far as this practice supports the construction of oneself. We assume that reading practices can reshape and subvert gender. The reader habitus results from middle-class socialization, characterized by a cultural goodwill which is specific to middle¬class women. Nevertheless, reader habitus is neither feminine, nor masculine. This habitus deploys a practical sense based on the caring for oneself and for the others, as it was brought into light by M. Foucault. By linking up the foucaldian caring for oneself and the feminist theory of ethics of care, we can enlighten the anti-individualistic political ideal which could be brought up by the caring for oneself in reading practices. But it is the cultural goodwill which is prominent and it narrows the possibilities, for the readers, to make a political issue of their readings'appropriations, as constituting a distinctive symbolic capital prevails. Indeed, between the readers of each club, the literary legitimacy is at stake, and gender represents a distinctive category underlying this legitimacy. Finally, gender subversion by reading is drawn as a virtual trajectory. This trajectory would enable to overstep gender cleavages if it was completely achieved by readers.
- Cette thèse vise à explorer les relations entre la lecture, le genre et la classe: en construisant les concepts d'habitus de genre et de trajectoire de genre, on s'approprie à nouveaux frais la théorie bourdieusienne. En choisissant d'étudier empiriquement des lecteurs et lectrices ayant développé un habitus de lecteur au cours de leur socialisation, participant à des cercles de lecture, on a privilégié l'appréhension des effets de la lecture lorsque celle-ci opère comme un support de soi particulièrement agissant, en postulant que le genre pouvait être réagencé, voire subverti par la lecture. Or, l'habitus de lecteur s'élabore particulièrement au cours d'une socialisation de classe moyenne. Cette bonne volonté culturelle est plus spécifiquement dévolue aux femmes des classes moyennes, mais l'habitus de lecteur ne peut être qualifié ni de féminin, ni de masculin. L'habitus de lecteur développe, en guise de raison pratique, un souci de soi et des autres. Les convergences entre le souci de soi foucaldien et l'éthique du care permettent de mettre au jour l'idéal politique anti-individualiste sous-jacent à ce souci de soi par la lecture. Mais la bonne volonté culturelle l'emporte et empêche la politisation des pratiques de lecture, en donnant le primat à la constitution d'un capital symbolique. En effet, entre les lecteurs se dessine également un enjeu pour détenir la légitimité littéraire, au sein duquel le genre opère comme catégorie distinctive. Quant à la possible subversion du genre par la lecture, elle est à la fois virtuellement accomplie, sous la forme d'une « trajectoire de genre » franchissant divers seuils de rupture, et limitée par l'enjeu d'ascension sociale.
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