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| - In Peru and elsewhere, extractive industries are at the core of governmental projects and of mobilizations that seem to oppose frontally. However, a focus from the bottom-up, at the level of face-to-face interactions and involved people’s daily life, confirms the necessity to overcome the idea of an absolute dichotomy between the omnipotent dominant and the unanimously-resisting dominated. Based on an ethnography of the oldest oil concession’s surroundings in the Peruvian Amazon, this research analyses jointly protest and government of populations, reciprocal adjustments between modalities of (re)production of a social order at the national boundaries and practices of protest that seem to threaten governmental projects. Amazonia’s inhabitants and their representatives, when they protest against industrial contamination, invoke the state as the cause of the problem, the mediator as well as the solution. They “sit the state down” in the villages, through its representatives, to whom they express their grievances. In this way, they contribute to consolidating state power at the edge of the nation, to establishing its territorial, symbolical and practical bases. The daily life of the villages, their vicinity with the industrial world, as well as extraordinary moments of protest, eventually unveil the coproduction of the state by the inhabitants of the borders, by their representatives and by the governmental spokesperson, in the intertwining of protest and institution of extractive order.
- Au Pérou comme ailleurs, les industries extractives sont au cœur de projets gouvernementaux et d’épisodes contestataires qui semblent entretenir un rapport fondamentalement antagoniste. Cette thèse développe une approche par le bas, à l’échelle des interactions en face-à-face et du quotidien des personnes impliquées, afin de dépasser les lectures dualistes qui opposent des dominants omnipotents à des dominés unanimement résistants. À partir d’une enquête ethnographique menée aux abords de la plus ancienne concession pétrolière de l’Amazonie péruvienne, cette recherche analyse conjointement la contestation et le gouvernement des populations, les ajustements réciproques entre des modalités de (re)production d’un ordre social aux frontières du territoire et des pratiques protestataires qui mettent en difficulté un projet de gouvernement. Les habitants de l’Amazonie et leurs représentants, quand ils contestent la pollution industrielle, invoquent l’État comme responsable, arbitre et solution. En faisant s’« asseoir l’État » dans leurs villages, en la personne de ses représentants, pour faire entendre leurs griefs, ils contribuent à asseoir le pouvoir étatique aux confins de la nation, à affermir son assise territoriale, symbolique et pratique. Ce qui se donne à voir, dans le quotidien des villages, de leur voisinage avec le monde industriel, comme dans l’extraordinaire des épisodes protestataires, est finalement une co-production de l’État par les habitants des confins du territoire, leurs représentants contestataires et leurs interlocuteurs gouvernementaux, dans le jeu des ajustements réciproques entre la contestation et l’institution de l’ordre extractif.
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