Dans notre pays de droit et de tradition écrits, le rôle formidable joué par la mémoire orale a trop longtemps été négligé. Aujourd’hui, au contraire, on assiste à une inflation du phénomène de mémoire qui rejoint et, parfois même, envahit l’actualité. Les débats récents sur des lois applicables à l’histoire ne sont-ils pas liés à ce développement spectaculaire de la mémoire collective ? Les sciences sociales s’attachent à comprendre le rôle de la mémoire et à aider ainsi le législateur à effectuer certains choix difficiles. En Normandie, comme ailleurs, la culture est plurielle, élaborée grâce à la sédimentation d’apports sociaux et ethniques multiples. La présence de groupes issus d’une immigration plus ou moins lointaine est particulièrement sensible en milieu urbain. Elle est favorisée par la présence des ports et toujours connectée à une demande de main d’œuvre généralement suscitée par les reconstructions et l’aménagement du territoire d’après 1945. Quels apports entretiennent les membres de ces groupes avec la tradition de leur pays d’origine ? Quelle est la culture propre aux différents groupes socioprofessionnels ? Existe-t-il une mémoire particulière aux gens de mer, aux ouvriers, aux habitants des différents quartiers, ainsi qu’une manière particulière d’utiliser cette mémoire ? Quelle valeur peut-on accorder à un récit de vie ? Voici quelques-unes des questions qui sont abordées dans cet ouvrage, fruit d’une réflexion menée par les deux régions Haute et Basse Normandie lors du colloque sur la mémoire orale