La coexistence confessionnelle qui naît en Europe de la diffusion de la réforme luthérienne a été un thème extrêmement fécond pour les réflexions théologiques mais aussi pour la démarche historiographique, et cela dès l’origine. Elle continue à nourrir une recherche très active pour la période moderne mais est moins souvent sollicitée pour d’autres périodes. Rares sont les études diachroniques qui s’efforcent de mettre le phénomène en perspective en privilégiant le temps long et en abordant des relations qui ne sont pas uniquement inter-chrétiennes. Organisée par la Société d’Histoire Religieuse de la France et l’Université de Strasbourg, la rencontre qui a donné lieu à ce volume a souhaité au contraire s’inscrire dans cette dimension, en mettant l’accent sur la différenciation des cultures générées par l’appartenance confessionnelle, mais aussi sur le degré de leur interpénétration, et en insistant sur les conflits, mais aussi sur le « vivre ensemble malgré et dans la séparation », pour reprendre la formule célèbre du chancelier Willy Brandt. Chercheurs allemands, suisses et français se sont interrogés sur les débats théologiques, l’approche juridique et institutionnelle, la confrontation entre l’attitude des autorités politiques et religieuses et celle des populations. Ils se sont aussi intéressés à l’évolution des attitudes dans le temps, à la cristallisation sociale et culturelle des différences ou encore au rôle de la durée dans la constitution d’identités confessionnelles concurrentes. Ils ont enfin examiné les différents degrés de la confrontation, la question de l’exclusion et de la tolérance ainsi que les réalités de la frontière confessionnelle. Partie de l’œil du cyclone, le Saint-Empire, l’analyse s’est étendue à la France et aux marges orientales de l’Europe. Son horizon est resté constamment celui d’établir des ponts entre France, Suisse et outre-Rhin, entre historiographies, entre générations d’historiens, entre confessions aussi.