Le sac de Béziers : il est peu d’événements du Moyen Age qui aient eu un tel retentissement auprès de ses contemporains et peu qui aient ensuite, au fil des siècles, acquis un telle portée symbolique. Peu de villes aussi qui aient connu, au cours de leur histoire, pareilles alternances d’opulence et de malheurs. En 1209, la Croisade des Albigeois s’ouvre par la prise de Béziers. Riche et forte parmi les autres villes languedociennes, qui aurait pu alors penser qu’elle serait prise et pillée par une armée que son immensité même fragilisait ? « Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens » ! stupeur ! Ensanglantée, Béziers ne s’est plus guère rebellée. Qu’aurait été le XIIIe siècle languedocien si Narbonne et Béziers avaient réalisé l’impossible cause commune ? Mais le Languedoc est multiple, une mosaïque d’intérêts divergents. Ces divergences font sa faiblesse et sa force. Car un demi-siècle plus tard, malgré sa haute noblesse terrassée, le Languedoc, et Béziers au premier plan, font preuve d’une étonnante capacité de rebond et de renouvellement. À l’occasion du huitième centenaire de cet épisode tragique de la Croisade, un groupe de médiévistes, spécialistes des pays d’oc, l’a reconsidéré en le mettant au centre d’une histoire aussi large que nécessaire, politique, sociale, économique, culturelle, à partir de documents peu ou mal connus. De part et d’autre de cette horrible année 1209, son passé de vicomté languedocienne et son avenir intégré au royaume de France apparaissent sous des traits nouveaux