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| - Cette thèse explore la façon dont l’écriture des paysages de l’autrice chinoise américaine Amy Tan complexifie la notion de sinéité. Cette dernière va y apparaître peu à peu comme non fixe et non figée : toujours en devenir. C’est de cette absence même de sinéité que se dessine la sinéité, portée par la fluidité des paysages, les flottements de la mémoire et de la narration. Là, dans les paysages de ses romans,Tan ouvre un site de négociation de son héritage. La Chine y apparaît comme la Terre Perdue, ses paysages des pages non écrites. Cette thèse fait dialoguer ensemble d’une part la philosophie et les traditions paysagères chinoises, tant picturales que poétiques, et d’autre part, leurs révisions à l’œuvre chez Tan. Elle met parallèlement en avant cette sinéité qui se (dé)construit à travers la façon dont les personnages féminins interagissent avec les paysages. Ce que la Chine et être chinoise représentent pour Tan évolue en spirale diachroniquement tout au long de ses romans,et se déploie dans leurs paysages, qui passent, au fil des œuvres, d’une construction en tension à un processus de transition-transformation pour arriver à un retour. La Première Partie distingue une corrélation dans l’opposition entre les perceptions et interprétations paysagères des personnages féminins nés en Chine et de ceux nés aux États-Unis. Ce dont la Chine est le nom est inaccessible aux personnages féminins d’où qu’ils soient, dans un tel champ de tension. La Deuxième Partie analyse le caractère fuyant, fluide et incertain des paysages de Tan pris dans les mouvements d’une incessante transition-et-transformation. Ces caractéristiques spécifiques sont lues ici comme ce qui permet à Tan de complexifier la sinéité, mais aussi comme l’expression des dilemmes qui la traversent, en tant qu’autrice. La Troisième Partie expose ces façons qu’ont les personnages féminins de Tan de mal/bien comprendre ce qu’est “la Chine” — par quoi Tan se donne alors toute liberté d’explorer ce que“la Chine” et la sinéité veulent dire pour elle. Avec l’analyse de ces errances, ce sont les affirmations qui touchent Histoire, Patrie et Origines qui commencent à bouger.
- This dissertation examines the works of Chinese American writer Amy Tan. It focuses on the complication of Chineseness through analyzing Tan’s way of writing landscape. It argues that there is no fixed, limited Chineseness. Instead, Chinesenessis always in a process of becoming. It is precisely from this absence of one single version of Chineseness that various versions of Chineseness arise. The fluidity of landscape, the unreliability of narration, and that of memory also emerge. In Tan’s novels, landscape makes up a fruitful space for her to negotiate with her Chinese heritage. For her, China is a lost land and Chinese landscapes are unwritten stories.This dissertation puts Chinese philosophy, landscape paintings, and landscape poems in dialogue with Tan’s revisiting of Chinese philosophies concerning the relationship between humans and nature. It equally brings Chinese American female characters’ active and creative engagement with landscape into the understanding of Chineseness into play. Tan’s views on Chineseness expressed in her representation of the landscapes of her female characters spirally evolve in the chronological unfolding of her novels, going through a process of tension, transition-and-transformation, and return. Part 1 discerns an opposition-correlation between the tension field of Chinese-born and American-born female characters’ perception and interpretation of landscape. Chineseness is inaccessible to Tan’s female characters in this tension field. Part 2 analyzes the elusiveness, fluidity, and uncertainty in Tan’s written landscapes, which are in unceasing transition and transformation. I read this fluidity as Tan’s way of complicating Chineseness as well as an expression of her dilemma as a writer. Part 3 displays Tan’s Chinese American female characters’ own (mis)/(re)understanding of China, which offers Tan more freedom to explore what China and Chineseness mean to her. In analyzing the(missed)/(mis) readings of China, concepts such as the past, home, and origin also gain the opportunity to be reconsidered.
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