This research investigates the process of land reclamation in the Egyptian desert over the past sixty years. The agricultural frontier, moving into increasingly constraining drylands, is analysed from the perspective of the actors, their power relations and how they contribute to the recomposition of Egyptian agriculture and its territories. While desert lands have seen the construction, consolidation and expansion of a new agricultural sector dominated by a narrow entrepreneurial elite, they are shaped by a broader set of interests. They constitute a stock of land and water ressources, as well as opportunities for a diversity of actors: political, economic and institutional, public and private, productive and non-productive. Since the 1950s, various stakeholders have indeed projected themselves onto desert lands in pursuit of many objectives, whether to legitimize their position, increase their power, accumulate capital, or, in the case of the most economically and socially fragile, simply to support and feed their families. This work thus shows how marginal desert areas are at the heart of processes of projection, appropriation and negotiation. This thesis, based on about 80 interviews and surveys conducted mainly in the margins of the Nile Delta (2012-15), is part of three research areas in geography: frontier dynamics and territorialisation; the contemporary renewal of agricultural stakeholders and the development of a new agro-capitalism; power relations for resource allocation
La thèse étudie le processus d'extension des terres agricoles vers le désert égyptien au cours des soixante dernières années. Le déplacement de la frontière agricole vers des terres arides, aux conditions de plus en plus contraignantes, est analysé sous l'angle des acteurs, de leurs relations de pouvoir et de la façon dont ils contribuent à la recomposition de l'agriculture et des territoires égyptiens. Si les terres désertiques sont devenues le lieu de construction et d'expansion d'un nouveau secteur agricole dominé par une étroite élite entrepreneuriale, elles sont façonnées par un ensemble plus large d'intérêts. Elles constituent en effet un système de ressources (foncières et hydriques) et d'opportunités pour une diversité d'acteurs : politiques ; économiques et institutionnels ; publics et privés ; productifs et non productifs. Depuis les années 1950, ceux-ci se sont projetés sur les terres désertiques à la poursuite d'objectifs pluriels, qu'il s'agisse de légitimer leur position, d'accroitre leur pouvoir, d'accumuler du capital, mais aussi, dans le cas des plus fragiles économiquement et socialement, tout simplement de faire vivre et nourrir leur famille. Ce travail montre ainsi en quoi les espaces désertiques sont au cœur de processus de projection, d'appropriation et de négociation. Cette recherche, fondée sur environ 80 entretiens et sur des enquêtes menées principalement dans les marges du Delta du Nil (2012-15), s'inscrit dans trois champs de recherche en géographie : les dynamiques de front pionnier et la construction territoriale d'espaces à la limite de l'écoumène ; le renouvellement contemporain des acteurs de l'agriculture et l'essor d'un nouvel agro-capitalisme ; les rapports de pouvoir pour l'allocation des ressources.