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| - Contexte : Le diabète est un puissant facteur pronostique au décours d’un syndrome coronarien aigu (SCA), notamment du fait d’une sensibilité diminuée aux anti-agrégants plaquettaires (AAP) chez ces patients. L’objectif de cette étude était : d’évaluer la résistance aux AAP chez les diabétiques coronariens à la phase aiguë et au suivi d’un SCA;.de rechercher une relation entre l’équilibre glycémique et les résultats des tests d’agrégation plaquettaire (résistance aux AAP); de rechercher une relation entre la survenue d’événements cardiovasculaires type MACEs (critères composite : décès, SCA, AVC) et ces mêmes paramètres biologiques. Méthode : il s’agit d’une étude pilote prospective réalisée à l’unité de soins intensifs cardiologiques (USIC) du CHU de Grenoble. 65 patients diabétiques ont été inclus au décours d’un SCA avec (ST+) ou sans (ST-) sus-décalage du segment ST. Les tests d’agrégabilité plaquettaire utilisés ont été le PFA100 pour l’aspirine et le VASP pour le clopidogrel. Ils ont été réalisés à l’admission et au 4ème mois au cours du suivi. L’équilibre glycémique a été mesuré par le dosage de la glycémie et la mesure de l’HbA1c. Résultats : la population consistait en 47 hommes et 18 femmes, d’âge moyen 67 + 10 ans, présentant un diabète de type 2 dans 94% des cas, pris en charge pour un SCA ST+ et ST- dans 49 et 51% des cas respectivement. 86% des patients ont bénéficié d’une revascularisation myocardique par angioplastie (80%) ou pontage aorto-coronarien (20%). Le taux de prescription des classes pharmacologiques recommandées après un SCA était très satisfaisant, avec à 3 mois : 93% d’aspirine, 82% de clopidogrel, 80% de bithérapie anti-agrégant plaquettaire, 87% de beta-bloquants, 87% d’inhibiteurs du système rénine-angiotensine, et 95% de statines. Malgré cette prise en charge adaptée, le pronostic à 3 mois de ces patients diabétiques reste sévère, avec, à un suivi moyen de 154 jours, 17 événements cardiovasculaires majeurs soit un taux de 23% (Décès = 2, SCA = 10, AVC = 5). La prise en charge du diabète s’accompagnait d’une amélioration significative des glycémies et de l’HbA1c au suivi par rapport à l’admission (7.6 + 3.3 vs. 11.0 + 5.7 mmol/l, p = 0.007 et 7.2 + 1.2 vs. 7.7 + 1.5 %, p = 0.039 respectivement). Le nombre de patients présentant un taux d’HbA1c inférieur à la valeur cible de 7% a augmenté au suivi de 38 à 51% (p=0.005). Le PFA100 s’est amélioré au cours du suivi (+39 sec, p=0.09), sans relation avec la dose d’aspirine, mais en relation avec les marqueurs de l’inflammation (CRP, p=0.09 et fibrinogène, p=0.005) ainsi qu’avec les glycémies d’entrée (p=0.03) et au suivi (p=0.06). Le VASP n’était corrélé ni aux paramètres biologiques testés. Les événements cardiovasculaires étaient plus nombreux en cas de PFA100 < 150 sec que > 150 sec (44.4 vs. 8.3% - OR 8.78 - IC95% 1.25 à 62.20 - p=0.02), et en cas de dose d’aspirine < 160mg (47.0 vs. 9.4% - OR 5.02 - IC95% 1.18 à 21.4 - p=0.02). Par ailleurs, la survenue d’un événement semblait corrélée à la qualité du contrôle glycémique, avec un taux d’événements plus élevé pour les tertiles de glycémies les plus hautes au suivi (1er vs. 3ème tertile : 33.3 vs. 16.6% - OR = 2.09 - IC95% 0.49 à 12.89 - p=0.17). Nous n’avons par contre pas retrouvé de relation entre les taux de VASP ou la dose de clopidogrel et la survenue d’événements cardiovasculaires. En analyse multivariée, les facteurs prédictifs indépendants de survenue d’événements cardio-vasculaire étaient : la glycémie à la sortie (p=0.031), la dose d’aspirine au suivi (p=0.025), et le PFA100 à 4 mois (p=0.029). Conclusion : la résistance à l’aspirine au décours d’un SCA chez les patients diabétiques est un facteur de mauvais pronostic dans notre étude et semble corrélé à l’équilibre glycémique. Une étude de plus grande envergure serait souhaitable pour approfondir ces résultats.
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